home


 Accord de partenariat de Cotonou
 Relations ACP-UE dans un monde en mutation
 


 
 

mercredi, décembre 20, 2006

Scénario pour l'avenir du partenariat ACP-UE

Maastricht, le 20 décembre. Hier, les participants du Séminaire ECDPM sur l'Accord de partenariat de Cotonou ont clôturé leurs délibérations avec un débat sur l'avenir de l'Accord de partenariat de Cotonou (APC). Le panel comprenait João Gomes Cravinho, le Secrétaire d'État des Affaires étrangères et de la Coopération du Portugal, John Shinkaiye, Chef de l'état major du Président de la Commission de l'Union africaine, Karl Falkenberg, Directeur général adjoint de la DG Commerce de la Commission européenne, Andrew Bradley, Secrétaire général adjoint du Groupe ACP, et Rob de Vos, Directeur général adjoint pour la Coopération internationale du Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas.

Les panélistes ont présenté leurs réflexions sur les débats de la session précédente où les participants ont exprimé un certain optimisme sur les progrès réalisés par l'APC, mais ont manifesté aussi leurs préoccupations en ce qui concerne les négociations en cours des Accords de partenariat économique UE-ACP, et sur un « déficit d'appropriation » du côté des ACP.

Les panélistes étaient positifs à l'égard de la niche dans son ensemble et de la valeur ajoutée du partenariat de Cotonou : Gomes Cravinho a loué l'amélioration du dialogue politique entre les partenaires, ainsi qu'avec les organes régionaux, et il faisait un appel aux partenaires de se concentrer davantage sur des « questions politiques plus substantielles » au lieu de focaliser sur les discussions plutôt techniques qui dominent actuellement. Shinkaiye a soutenu, depuis une perspective africaine, que l'Accord fournit un cadre global de grande valeur au sein duquel l'Afrique et l'Europe peuvent dialoguer et coopérer à l'échelle continentale - il a permis de rendre les relations mutuelles « chaleureuses, cordiales, et intenses ». De Vos, depuis une perspective néerlandaise, était vraiment optimiste sur les améliorations récentes de l'aide UE (y compris par le biais de l'APC) et il invitait les partenaires UE et ACP à « entretenir » la relation spécifique que propose l'APC.

Cependant, plusieurs panélistes ont fait remarquer qu'il reste encore beaucoup à faire. Andrew Bradley du Secrétariat ACP a rappelé plusieurs défis à relever - mise en oeuvre totale de l'APC, appropriation renforcée par les ACP, évitement d'actions unilatérales au sein du partenariat, et une attention accrue à l'efficacité de la coopération. Il a aussi suggéré que les deux parties devraient élaborer une approche plus stratégique comment les ACP pourraient soutenir dans leur ensemble le rôle de l'UE en tant qu'acteur mondial, par exemple dans les autres forums internationaux. De Vos, bienque positif sur les améliorations de l'aide UE - taux de déboursement plus élevés en conformité avec les résolutions de Paris sur l'efficacité de l'aide, et soutien direct à la société civile dans le Sud - a également tiré l'attention sur quelques défis permanents : l'absence de progrès dans les débats sur le commerce ACP-UE, trop de déboursements au dépens de la qualité, coordination insuffisante avec les autres donateurs sur le terrain, manque d'intérêt à Bruxelles pour les innovations chez les autres, et la valeur ajoutée et la niche précises de l'APC.

Plusieurs intervenants ont tiré l'attention sur l'apparence de nouvelles questions et nouveaux acteurs qui posent un défi au partenariat ACP-UE. Bradley a souligné le processus de changement que les ACP vont subir en 2007, revisitant son mandat d'origine, définissant de façon plus claire la niche ACP, et renforçant le partenariat. Shinkaiye a plaidé en faveur d'une consistence accrue et d'un dialogue renforcé entre l'UA, représentant l'Afrique, et les processus se rapportant aux ACP sur le continent. Tout en rappelant les négociations APE avec plusieurs régions africaines, il a averti que celles-ci devraient se concorder avec l'intention de l'UA de renforcer l'intégration de par le continent entier. De Vos a soutenu que l'APC évite la compétition avec le grand nombre d'autres initiatives dans le domaine du développement et, par exemple, ne surcharge pas son agenda en raison d'une focalisation sur quelques thèmes essentiels telle que la gouvernance où l'APC propose une valeur ajoutée unique.

Suite aux sessions précédentes, l'avenir des négociations APE constituait un point de discussion majeur parmi les panélistes et pendant la discussion ouverte qui s'en suivait. D'après un des participants les APE étaient une source potentielle de « discorde sérieuse ». En réponse aux appels des deux côtés d'abandonner les idées reçues, M. Falkenberg de la Commission à proposé une « réflexion plus pragmatique » afin de trouver des solutions. Il soutenait que les APE font partie intégrante des discussions ACP-UE plus amples et qu'ils répondent au besoin de créer des opportunités pour l'activité économique par le soutien de la création de marchés « régionaux » dans les ACP et par l'ouverture de marchés entre les régions et l'UE. On peut en tirer la conclusion que les APE ont été conçus initialement pour appuyer la coopération sous-régionale dans les pays ACP, suivi par le libre échange entre les régions et l'Europe.

La question posée à la conférence et qui est restée sans réponse était si la focalisation des APE sur le développement - c'est-à-dire la création de marchés et d'activités économiques dans les régions ACP - est une reconnaissance implicite de l'échec des piliers de développement de l'APC.

Accord sur le scénario ?

Durant la deuxième journée, les participants se servaient d'un métaphore hollywoodien afin d'expliquer les quelques différences d'opinion.

En réponse aux commentaires des participants sur le processus des APE, Karl Falkenberg se demandait si lui et les autres regardaient le même film ACP-UE parce qu'il ne reconnaissait pas toutes les scènes. Plus tard, c'était John Shinkaiye qui demandait quel film ACP-UE on regardait - il croyait que l'on regardait probablement le même film , mais que chacun des participants avait un scénario différent. Il appelait tout le monde à utiliser le même scénario. De Vos ajoutait que même si tous les acteurs disposent d'un seul scénario, les spectateurs « visualisent » des films différents.

La décision sur quel genre de film les ACP, l'UE et les autres acteurs souhaitent produire, paraît un défi permanent.

Les sponsors sont indécis sur ce que eux et les publics veulent en fait ; de plus, on peut faire appel à un nombre plus élevé d'acteurs, ainsi qu'à une plus grande diversité d'acteurs, et on sera confronté avec des scènes de masse ; la rédaction de scénarios est beaucoup plus compliquée et moins centralisée que par le passé ; et même la distribution de films est compliquée par l'évolution des technologies, par le changement des habitudes des spectateurs, et par des publics qui disposent de plus de choix que jamais.

L'un des aspects les plus utile de cette conférence était probablement la reconnaissance du fait que la production d'un film en soi est soumise à des changements. Mais quand-même il existe toujours des productions hoolywoodiennes à grand succès avec des budgets énormes, un réalisateur fameux, des acteurs vedettes, énormément de figurants, des effets spéciaux merveilleux, et un seul scénario. Et il y a aussi des cinémas naissants dans beaucoup de pays en développement où les réalisateurs et les producteurs locaux défient les magnats de cinéma et recrutent leurs propres scénaristes et acteurs. Sur Internet, des sites tels que YouTube permettent au public d'échanger leurs clips vidéo, tout en invitant les autres spectateurs à rédiger leurs propres scénarios.

La prise de décisions sur l'approche qui convient le mieux aux ACP et à l'UE bénéficie certainement de rencontres telles que celle organisée par l'ECDPM, où directeurs, producteurs, acteurs, figurants, distributeurs, et scénaristes se rassemblent pour évaluer les progrès et explorer les perspectives.

Comments: Enregistrer un commentaire



<< Home